Chapitre 1: Drôle surprise |
Lorsque les guerres saintes se sont terminées, les Dieux ont décidé de renvoyer tous les chevaliers pour une durée de deux ans dans leurs pays d'origine avec interdiction de se voir ou même de communiquer entre eux pendant ce laps de temps. De plus ils avaient endormis leurs pouvoirs. Bien sûr, pas question de tricher car les Dieux voient tout ! Ils leur avaient donné à chacun 1000 euros pour commencer et ensuite, à eux de trouver du travail pour gagner de l'argent pour vivre. Dans cette histoire, nous allons retrouver le chevalier du Cancer qui, après deux ans passés en Italie, fait un grand détour par le Japon, avant de rejoindre la Grèce où tous les chevaliers doivent se retrouver. Pourquoi cette idée d'aller au Japon ? Angelo ne pouvait lui-même pas y répondre... Intuition ? Prémonition ? Suggestion divine ? Toujours est-il qu'il avait l'impression de savoir exactement où il allait, lui qui ne connaissait pas Tokyo... La nuit commençait à tomber lorsque le Cancer arrêta sa grosse moto noire de marque italienne devant le club. Il retira son casque et secoua ses courts cheveux bleus en regardant l'enseigne multicolore qui clignotait. Pas sûr qu'il pourrait manger un morceau dans cette boîte... Bah tant pis il boirait au moins une bière ! Il baissa la fermeture éclair de son blouson de cuir et entra dans l'établissement, son casque de moto à la main. Les lumières étaient très tamisées à l'intérieur mais il repéra une petite table ronde dans un coin tranquille et s'y installa. Il n'y avait pas grand monde dans la salle, peut être une douzaine de personnes... que des hommes. Il vit quatre serveurs, vêtus d'un ultra mini short de cuir noir, à tel point qu'il se demanda comment ils faisaient pour le mettre et l'enlever ! Ils avaient l'air très jeunes... est-ce qu'ils étaient majeurs seulement ? Il se rendit très vite compte aussi, que les clients avaient les mains très baladeuses avec ces jeunes serveurs et que ceux-ci se laissaient faire avec le sourire... - Qu'est-ce que je vous sers monsieur ? demanda soudain une voix douce près de lui. - Une bière brune s'il vous pl... Il s'interrompit et regarda ébahi le jeune garçon debout près de sa table. Cette silhouette fine, ces boucles vertes, ces prunelles émeraude... Santa Madonna, Shun, c'est toi ? s'exclama t-il n'en croyant pas ses yeux. Shun, car c'était bien lui, se décala un peu et reconnut son interlocuteur. - Masque de Mort ? - Et oui ! Mais c'est Angelo maintenant, si tu n'y vois pas d'inconvénient ! - Oh non au contraire ! répliqua Andromède avec un sourire timide. Mais qu'est-ce que tu fais au Japon ? - Et bien, franchement, je ne sais pas ! Sans doute l'envie de visiter ce pays que je ne connaissais pas... répondit l'Italien en haussant les épaules. J'avais terminé tout ce que j'avais à faire, chez moi en Italie, alors comme il reste un mois avant de retrouver tout le monde au Sanctuaire, j'en ai profité... Ses yeux bleu cobalt détaillèrent le jeune homme qui était habillé comme les autres serveurs : ne me dis pas que tu bosses ici !! - Cela va faire six mois... Soudain un homme aux cheveux noirs surgit près d'eux. - SHUN ! Tu n'es pas payé pour faire la causette avec les clients ! vociféra t-il. A moins que ce monsieur ne t'ait payé bien sûr ! - Euh... non, je n'ai pas... mais nous nous connaissons... balbutia Shun gêné. - Ce n'est pas une raison ! Tu connais le règlement ! Pas de conversation privée sans paiement! Puis se tournant vers Angelo : pour 100 euros vous pouvez lui parler toute la soirée et même l'inviter à votre table... Le regard du Cancer devint sombre et menaçant, mais malgré l'envie qu'il avait de casser la figure de l'homme, il sortit deux billets de 50 euros de son porte feuilles et les posa sur la table. - Apportez-moi une bière brune en plus ! - Shun, tu as entendu ? dit le patron de la boîte. - Tss tss tss... Shun est "invité" à ma table pour le reste de la soirée maintenant... répliqua l'Italien. Apportez la vous même et rajoutez un jus de fruit pour Shun tant que vous y serez... Le patron le fusilla du regard mais obtempéra. - Assied-toi... dit Angelo à Shun. Et explique moi donc ce que tu fais dans ce club aux moeurs pas très avouables ! Je suppose que ton frère n'est pas au courant ? - Non... Et s'il l'apprend il va me passer le plus beau savon de toute ma vie ! répondit le jeune Japonais. Mais j'ai pas eu le choix... La première année, j'ai fait de l'intérim et c'était plutôt sympa et puis après plus rien, alors j'ai répondu à une petite annonce... - Bon sang, mais tu ne t'es pas rendu compte quel genre d'endroit c'était, ou quoi ? s'emporta l'Italien - Si bien sûr ! D'ailleurs je n'ai pas accepté tout de suite... Et puis comme rien d'autre ne se présentait et qu'il fallait bien vivre, j'ai accepté... - Shun, Shun ! Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête ! Ca t'amuse de te faire mettre la main aux fesses par tous ces obsédés ? Que moi je fasse des conneries, passe encore, mais toi quand même ! Nom d'un chien, j'y crois pas ! Les larmes envahirent les grands yeux émeraude. - Je sais, je ne suis pas fier d'être ici, mais tu sais, ce n'est pas si terrible que ça... - Ah non ? Tu te prostitues et ce n'est pas grave ! Mais enfin Shun, t'es inconscient ou t'es débile ? - Je ne me prostitue pas ! s'indigna Andromède. On n'a pas de rapports sexuels avec les clients ! Ils payent d'accord... mais juste pour avoir de la compagnie pour la soirée et... pour quelques caresses... - Ah tu me rassures ! ironisa le Cancer. Puis prenant le ciel à témoin : Santa Madonna, il est inconscient, c'est bien ce que je pensais ! Il soupira et s'efforça de se calmer : allez, arrête de pleurer, ce n'est pas la solution... Shun essuya ses yeux. - Mais au fait, pourquoi est-ce que mon sort t'intéresse tout à coup ? Tu ne m'as jamais beaucoup apprécié il me semble... - C'est vrai, je te trouvais beaucoup trop sensible et trop gentil ! railla Angelo. Et de plus toi, tu ne m'aimais carrément pas ! - Je constate que tu emplois l'imparfait... fit remarquer le jeune Japonais en retrouvant un petit sourire. - Et oui... Tu m'as épaté pendant la guerre contre Hadès ! reconnut le chevalier d'or. Et pendant les six mois que nous avons tous passé au Sanctuaire entre notre résurrection et notre éparpillement... je t'ai observé en douce... Tu es étonnant comme garçon, et je n'ai jamais vu un tel mélange de force et de douceur... - Moi aussi, j'ai changé d'avis sur toi... Tu t'es sacrifié comme tous les autres devant le Mur des Lamentations et cela rachète tous ce que tu as pu faire avant. Et aujourd'hui ... je suis enchanté de faire la connaissance d'Angelo... rajouta t-il. L'Italien lui sourit. - Merci beaucoup Shun... - C'est sincère ! Mais dis-moi, qu'est-ce que tu as fait toi, pendant ces deux ans passés en Italie ? - Pas grand chose de terrible ! Les six premiers mois j'ai glandouillé, je me suis baladé en faisant des petits boulots à droite et à gauche pour manger. J'ai souvent dormi à la belle étoile mais ça m'a plu ! Et puis j'ai été vigile dans ma ville natale, à Naples... Après j'ai été chauffeur dans une société et je suis passé garde du corps du patron ! Le salaire était sympa et j'ai même pu me payer une moto ! - Tu t'es bien débrouillé à ce que je vois ! commenta Andromède. Mieux que moi en tout cas... - Ca c'est une question de point de vue... plaisanta l'Italien. Au bout du compte je me suis aperçu que mon patron faisait... plus ou moins partie de la mafia... - Ouille ! Et qu'est-ce que tu as fait ? - Rien, j'ai fait celui qui n'avait rien remarqué parce que j'avais besoin de fric ! Pour tout te dire, j'ai même fait deux ou trois petits trucs pas clairs pour lui, mais pfff... pas de quoi fouetter un chat à côté de ce que j'ai fait pour Saga dans le temps ! - Et il t'a laissé partir sans problème ? - Je suis allé jusqu'au bout de mon contrat et je lui ai dit que je repartais en voyage et donc que je ne le renouvelais pas ! C'est ce qu'on avait convenu au début et chacun a respecté ses engagements. - J'espère que ça se passera aussi bien ici... dit Shun pensif. J'ai encore trois mois à faire et même, je serai en retard au rendez-vous au Sanctuaire. - Pas question que tu restes ici plus longtemps mon petit chevalier ! On va de ce pas annoncer ta démission à ce sale profiteur ! Puis levant le bras : hep patron ! L'homme s'approcha de la table. - Oui monsieur... Vous n'êtes pas satisfait de Shun ? J'ai remarqué qu'il n'était pas très câlin avec vous, vous désirez quelqu'un d'autre ? - Je suis tout à fait satisfait de Shun ! répliqua le Cancer d'une voix tranchante. A tel point d'ailleurs que je vais l'emmener avec moi dès ce soir... - C'est impossible, il loge ici et n'a pas le droit d'aller passer la nuit chez un client. - Oh mais je ne le veux pas que pour une nuit ! Je l'emmène définitivement ! - Impossible aussi, il me doit encore trois mois de travail ! Il a signé et je peux le poursuivre pour rupture de contrat s'il part avant. L'Italien se leva d'un air menaçant. - Espèce de... - Laisse Angelo ! l'interrompit Shun en le retenant par le bras. Je vais faire mes trois mois, ce n'est pas la mer à boire... - Alors là pas question ! s'exclama le chevalier d'or. Je suis certain qu'on va trouver un terrain d'entente avec... ce monsieur... N'est-ce pas ? rajouta t-il avec une flamme inquiétante dans le regard. - Et bien, si vous me donnez 50 000 euros je le laisse partir ! affirma l'homme avec aplomb. - 50 000 euros !! Mazette ! Qu'est-ce que tu as comme salaire par mois Shun ? - 800 euros... répondit celui-ci. - Oooh, c'est généreux ! Angelo calcula rapidement : 800 fois trois, ça fait 2400 pour trois mois... Et vous en voulez 50 000 ?? - C'est à prendre ou à laisser ! Moins de clients seront servis avec un serveur en moins, il faut que je retombe sur mes pieds ! Le Cancer hocha de la tête et regarda le jeune Japonais. - Tu vois un peu... Je suis sûr que tu ne te doutais pas de tout l'argent que tu faisais gagner à ton patron ! Tu es vraiment un employé modèle ! Puis se retournant vers l'homme : Tu te fous de moi là ? - Je ne me permettrais pas monsieur ! Si vous voulez Shun, il faut me payer 50 000 euros pour boucler son contrat. Et il reste là jusqu'à ce que vous m'apportiez l'argent ! Sur ce il rejoignit son comptoir. Angelo serra les poings en se retenant à grand peine de sauter par dessus le comptoir. - Quel enfoiré ce type ! Quand je pense qu'il suffirait d'une petite vague d'Hadès pour que la terre soit à jamais débarrassée de cette ordure ! - J'ai bien souvent pensé à ma "Tempête Nébulaire"... avoua Andromède avec un pauvre petit sourire. - Tu m'étonnes ! Mais non seulement ces connards de Dieux nous on éparpillés un peu partout avec interdiction de communiquer mais en plus ils ont endormis nos pouvoirs ! Belle récompense pour avoir sauvé le monde ! - Allez, ne soit pas amer... dit Shun en posant une main apaisante sur le bras de son compagnon. On va les récupérer ! - Ouais y-a intérêt ! Bon, pour en revenir à notre affaire, prépare ton sac pour demain, je serai là dès l'ouverture avec le pognon... - Je suis très touché, mais je ne peux accepter... - C'est pas négociable mon petit Shun ! Et, plus têtu que moi, ça n'existe pas je t'averti ! - Mais comment vas-tu faire pour réunir une telle somme ? - Ca c'est mon problème ! Toi occupe toi juste de rassembler tes affaires, d'accord ? - Je ne pourrai jamais te rembourser... dit encore le jeune chevalier. - Bah ne pense pas à ça ! s'amusa Angelo. Tu sais, même quand j'étais Masque de Mort, je n'aurai pas pu te laisser moisir ici, c'est pire que le "Puits aux Ames" ! Et puis... qui sait... conclut-il mystérieux avec un petit coup d'oeil sur la fine silhouette près de lui. - Je ne te remercierai jamais assez de ce que tu vas faire pour moi... - On va fermer : lança le patron, alors que les derniers clients s'en allaient. - A quelle heure ouvrez-vous demain ? demanda l'Italien en le fusillant du regard. - 13 heures. - Je serai là avec l'argent ! Jusque là, veillez à ce qu'il n'arrive rien à Shun... sinon... - Soyez tranquille, je ne fricote jamais avec mes employés ! Le regard assassin qu'il reçu en retour l'incita à ne pas insister. - A demain Shun, repose toi bien... Et sois prêt à l'heure ! - Oh ne crains rien, je serai prêt ! Bonne nuit... L'Italien récupéra son casque de moto et sortit de l'établissement dont le patron ferma la porte derrière lui. Comme d'habitude les serveurs rangèrent et nettoyèrent avant de regagner leurs chambres respectives. Pour la première fois depuis deux ans, Shun se coucha le coeur léger. |
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