Un si grand amour


Chapitre unique 

Vivre toujours au Sanctuaire, surtout en temps de paix, ce n'est pas toujours marrant car on s'y ennuie un peu. Aussi deux amis de longue date, j'ai nommé Camus et Milo, avaient décidé de tenter une petite expérience : celle d'habiter à Athènes tous les deux dans un appartement et de travailler pour subvenir à leurs besoins.

Camus avait trouver un poste de professeur de Français dans un lycée de la ville et Milo un emploi de serveur dans un club gay assez réputé. Cela faisait deux mois qu'ils étaient installés et tout se passait bien. Ils se partageaient les tâches ménagères car ils avaient du temps libre tous les deux. En effet Milo travaillaient soit l'après-midi jusqu'à 20 heures soit la nuit, quant à Camus il avait trois heures de cours par jours et pas mal de copies à corriger chez lui. C'était d'ailleurs souvent lui qui s'occupait du ménage car il aimait que tout soit nickel et Milo s'occupait plus volontiers de la cuisine. Enfin bref, une bonne petite organisation.

- Alors quand vas-tu te décider à chercher un autre travail ? demanda Camus en s'installant à la table du petit déjeuner.

- Mais il me plait à moi ce boulot au club ! répondit Milo. Pourquoi veux-tu absolument que je trouve autre chose ?

- Parce que... je n'aime pas trop te savoir dans ce milieu, surtout quand tu fais la nuit ! Il y a quelque fois de drôles de types là-dedans...

- C'est gentil de t'inquiéter mais tu sais, je suis capable de me défendre...

- Te défendre... quand tu as été embauché ton patron t'a bien dit qu'il ne fallait en aucun cas repousser trop vivement les clients un peu entreprenant ! remarqua le Verseau.

- Ne t'en fais pas, tout se passe bien pour le moment... le rassura Milo en souriant.

- Oui... pourvu que ça dure ! Bon aller, j'y vais, mon premier cours commence dans une demi-heure... On déjeune ensemble ce midi ?

- Oui, je ne commence qu'à 20 heures aujourd'hui donc j'ai tout le temps... Ce sera prêt quand tu rentreras...

- OK ! Alors à plus tard...

Camus enfila sa veste, saisit son porte-document et s'en alla.

Milo secoua ses boucles bleu violet et poussa un petit soupir attendri. C'était bien de Camus de s'inquiéter comme ça pour lui, il n'avait jamais aimé le voir travailler dans cette boîte... et pourtant c'était sympa et il s'entendait bien avec ses collègues de travail. Il était même devenu ami avec l'un d'eux qui s'appelait Nikos... Mais juste amis car son coeur était déjà pris...

Il fit la vaisselle du petit déjeuner, puis décida d'aller prendre un bain, après tout il avait plus de deux heures devant lui avant le retour de Camus. Juste le temps de se faire une beauté, aurait dit Aphrodite ! Mais au fait, et si au lieu de déjeuner ici, il allait l'attendre à la sortie du lycée et l'invitait au restaurant ? Excellente idée ! Il resta une bonne demi-heure dans le bain moussant, laissant vagabonder ses pensées vers celui qui occupait son coeur... Cela faisait longtemps qu'il en était amoureux mais il avait l'impression que ce n'était pas réciproque et c'est pour ça qu'il n'avait jamais rien dit... pour ne pas gâcher leur belle amitié. Ah Camus ! Sa classe, son charme, son charisme... Et puis quelle beauté ! Il était tellement sensuel et sexy sans le savoir... Une douce chaleur irradia dans son bas ventre rien que d'y penser... Milo s'immergea complètement pour se remettre les idées en place.

A midi, Camus sortit de sa classe avec, comme d'habitude, un petit groupe de sept ou huit élèves qui aimaient rester discuter à la fin des cours avec lui. Sûrement pas seulement par intérêt de la langue française d'ailleurs mais aussi à cause des yeux de nuit du beau professeur qui avait de nombreux admirateurs et admiratrices.

- Regardez monsieur, votre amoureux est venu vous chercher ! dit une jeune fille aux longs cheveux noirs en montrant Milo qui attendait de l'autre côté de la rue.

- Il est aussi beau que vous ! assura une autre fille.

- Dites lui de venir plus souvent... rajouta un garçon en faisant un petit signe de la main au Scorpion qui lui répondit.

- Je vous ai déjà dit que c'était juste mon ami... se défendit le Verseau. Bon aller, on se revoit lundi, au revoir !

Il traversa rapidement la rue et rejoignit le Grec.

- C'est gentil d'être venu me chercher mais tu fais perdre la tête à ce petit groupe que tu viens de voir... le taquina t-il.

- Ils ont bon goût voilà tout ! répondit Milo sur le même ton. Allez viens, je t'invite au restaurant ce midi !

- Tu es venu en voiture ? s'étonna le Français en désignant la petite Alpha Roméo noire de son ami.

- Oui, comme ça on va aller plus loin, ce qui nous évitera de retrouver ta petite cour d'admirateurs...

Camus haussa les épaules en souriant. Finalement ils allèrent jusqu'au port du Pirée et mangèrent des fruits de mer à une terrasse en parlant de choses et d'autres, de leurs amis restés au Sanctuaire, de leurs occupations au lycée et au club.

Puis alors qu'ils en étaient au dessert, Milo posa ses coudes sur la table, appuya son menton sur ses mains croisées et regarda son ami d'un air rêveur... Son visage aux traits fins et réguliers, ses longs cheveux bleu indigo et ses magnifiques yeux bleu nuit brillants comme deux saphir.

Camus s'arrêta de manger et regarda son ami, un peu mal à l'aise d'être ainsi observé.

- Pourquoi me regardes tu ainsi ?

- Parce que tu es très agréable à regarder... répondit le Scorpion charmeur.

- Arrête de draguer Milo s'il te plait !

- Je ne te drague pas, je ne me le permettrais pas... Je ne fais que constater une évidence...

Le Verseau ne put retenir un petit sourire.

- Merci c'est très gentil, mais tu sais que je n'aime pas trop ça... Sois donc un peu sérieux !

Le Grec brûlait d'envie de lui avouer ses sentiments... combien de temps pourrait-il tenir encore ? Il était si beau ! Un petit frisson le parcourut puis il se reprit.

- Je comprends pourquoi tes élèves sont amoureux de toi... plaisanta t-il.

- Ils ne sont pas amoureux, on s'entend bien c'est tout !

- Oui, comme nous deux...

Camus considéra d'un air un peu étonné les jolis yeux bleu-violet fixés sur lui.

- Mais non, nous deux c'est différent... tu le sais j'espère ?

- Oui, je le sais et j'apprécie ce lien qui nous unit, sois en sûr... c'est mon bien le plus précieux ! Tu es un ami merveilleux mon petit Français !

- Notre amitié est également mon bien le plus précieux... assura le Verseau.

Ils se regardèrent quelques instants en silence les yeux dans les yeux, oubliant ce qui les entourait... Puis Camus cligna des paupières comme s'il revenait sur terre.

- On rentre ? J'ai un cours à 15 heures et j'ai des copies à récupérer à l'appart...

- Euh... oui... oui, allons-y ! dit Milo en se levant et en ayant lui aussi un peu de mal à revenir à la réalité.

Il ne leur fallut pas longtemps pour être de retour chez eux.

- J'ai une réunion après les cours, annonça Camus, tu seras sûrement parti quand je rentrerai ?

- Oui sans doute... Mais je ne bosse pas ce week-end pour une fois, dit le Scorpion tout content. J'espère que tu n'auras pas trop de devoirs à corriger ?

- Je vais me débrouiller pour être complètement disponible et on verra ce qu'on peut faire...

- D'accord, je prends note de cette promesse ! fit Milo avec un petit clin d'oeil.

Camus prit son porte-documents et partit non sans avoir ébouriffé au passage les boucles de son ami.

Vers 21 heures, retrouvons Milo au club où il n'y avait pas encore grand monde. Il discutait derrière le bar avec un garçon aux cheveux noirs et mi-longs avec lequel il s'était lié d'amitié.

- Elles sont pas mal nos nouvelles tenues je trouve ! constata Nikos en arrangeant le col de sa chemise.

- Oui, mais heureusement qu'on a pu choisir entre le rouge et le bleu ! Moi je ne me serais pas vu avec un pantalon et une chemise rouges ! renchérit Milo.

- C'est vrai que le bleu est plus joli...

Ils étaient vêtus tous les deux d'une tenue bleu roi composée d'un pantalon très moulant et d'une chemise assortie en tissu brillant et soyeux.

- Un peu vif quand même ce bleu ! regretta le chevalier.

- Hey ! l'interrompit Nikos, c'est pas ton mec qui vient d'arriver là ?

- Ah oui, c'est Camus ! Mais c'est pas mon mec, c'est juste mon ami, je te l'ai déjà dit ! dit le Scorpion. C'est bizarre qu'il soit ici ce soir, pourtant il n'apprécie pas trop l'endroit...

- Il aura voulu se distraire un peu ! Oh dis, tu me laisses prendre sa commande... puisque ce n'est pas ton petit ami ?

- Si tu veux... s'amusa Milo.

Nikos s'avança vers Camus avec son plus joli sourire.

- Vous désirez une table monsieur ?

- Oui, s'il vous plait... mais plutôt dans un coin tranquille, pas au milieu de la salle... répondit le Français en lui souriant.

Le jeune serveur le conduisit à une petite table de deux personnes.

- Je vous sers quelque chose ?

- Une Vodka avec de la glace... merci.

Le jeune homme revint au bar.

- Il est trop ton ami ! déclara t-il emballé. Quelle classe, quelle beauté! Et ce petit accent quand il parle Grec, j'adore ! Et ses yeux... wouah !

- Oui, et il en a même deux ! dit Milo en versant la Vodka dans un verre. C'est moi qui lui l'apporte...

Nikos éclata de rire.

- Seulement amis hein ?

Il n'eut droit qu'à un regard noir en retour, ce qui le fit rire encore plus.

Milo posa le verre devant Camus.

- Je peux t'offrir un verre ? proposa ce dernier avec un petit sourire. Ca se fait dans les clubs non ?

- Ca se fait ! répondit le Scorpion.

Il alla se chercher une Vodka aussi et revint s'asseoir en face de son ami.

- Tu n'es pas resté travailler ce soir ?

- J'ai amené des copies... répondit le Français en tapotant son porte-documents posé sur un coin de la table.

- Pourquoi es-tu venu alors, si tu as peur de t'ennuyer ?

- Et bien... parce qu'on est vendredi soir et qu'il n'y avait rien d'intéressant à la télé... Et puis, ça faisait longtemps que je n'étais pas venu...

- Je suis très heureux que tu sois là et j'espère que tu vas passer une agréable soirée... assura Milo en posant une main sur celle de son voisin. Je viendrai te voir quand j'aurai un peu de temps...

- J'y compte bien...

La salle commençant à se remplir, il quitta son ami pour aller travailler.

Camus se mit à observer discrètement les clients jeunes et moins jeunes. Certains étaient venus en couple, d'autres entre amis et il repéra tout de suite ceux qui étaient venus là pour draguer. Puis il se plongea dans la correction de ses copies car il avait promis à Milo d'être disponible pendant tout le week-end à venir. Bien sûr, il fut interrompu plusieurs fois par des garçons qui voulaient lui payer un verre, ou l'inviter à leurs tables ou encore s'inviter à la sienne ou même l'inviter à danser. Le Verseau refusait invariablement toutes les propositions poliment mais fermement et son charme inné faisait que les gens renonçaient de bon gré mais non sans regret...

- Tu es sûr qu'il est gay ton ami ? glissa Nikos à Milo.

- Tu dis ça parce qu'il refuse toutes les invitations ? s'amusa le chevalier d'or. Et oui, c'est quelqu'un de sérieux mon Camus !

- Ah oui... ton Camus se moqua gentiment le jeune serveur.

Milo haussa les épaules et alla porter des consommations à une table. Au retour il s'arrêta près du Verseau.

- Tu arrives à te concentrer sur ce que tu fais avec tout ce bruit ?

- Oui, ça va... Il me suffit d'occulter tout ce qu'il y a autour de moi... répondit-il en souriant.

- Il n'y a que toi pour pouvoir faire ça ! s'amusa le Scorpion. Puis il se pencha : tu sais que c'est toi le plus beau de toute cette salle ?

Puis il partit rapidement avant que Camus n'ait pu dire quelque chose et eut juste le temps de le voir hausser un sourcil étonné.

Plus tard dans la nuit, et on pourrait même dire tôt le matin car il était plus de quatre heure, le plus gros de la foule était parti. Camus avait terminé ses corrections et lisait un livre en jetant de temps en temps un coup d'oeil sur la salle et plus particulièrement sur Milo... et ça d'ailleurs il ne savait pas trop pourquoi mais c'était plus fort que lui. A un moment donné, il vit son ami assis à une table avec quatre garçons qui avaient dû lui offrir un verre. Ils étaient tous bien baraqués, style Aldébaran mais en beaucoup moins sympathiques ! Ils avaient même des airs patibulaires trouva t-il... Patibulaire mais presque aurait dit Angelo, le spécialiste des jeux de mots à deux euros. Camus reposa son livre sur la table. L'un des garçons qui était plus éméché que ses compagnons, posa sa main sur la cuisse du Scorpion et lui parla à l'oreille. Milo se releva vivement l'air fâché et le garçon se leva aussi et le prit par le poignet.

- Ne fais pas ton effarouché voyons ! Tu sais que j'ai déjà eu un rencard avec un de tes collègues ? rajouta t-il vantard.

- Peut-être mais tu n'en auras pas avec moi ! se défendit le chevalier en tentant de se dégager de cette poigne de fer.

Camus referma son livre d'un geste vif. Le garçon se tourna vers ses trois amis qui les regardaient d'un air narquois.

- Regardez moi ça ce joli petit cul ! Sa main caressa les fesses de Milo.

- Retire tes salles pattes ! ordonna soudain une voix glaciale derrière lui.

- De quoi tu te mêles toi ? vociféra l'entreprenant client en se tournant vers le Verseau. C'est ta poule ?

- Ca ne te regarde pas ! Et je t'ai dit de retirer tes salles pattes de là... répéta le Français d'une voix coupante comme la glace.

- Euh... tu devrais peut-être le laisser... suggéra un autre garçon qui semblait plus raisonnable.

- Mais c'est qu'il me plait beaucoup à moi le petit serveur ! Il est mignon tout plein et je suis sûr qu'il adore être tripoté... Sa main se faufila rapide sur l'entrejambe du Grec qu'il tenait toujours comme dans un étau.

Au même instant les yeux du Scorpion devinrent rouges mais Camus fût plus rapide que lui et, saisissant vivement la main trop baladeuse, il la gela d'un petit coup discret de son cosmos froid. Du coup le garçon lâcha le poignet de Milo et prit un air outragé.

- Vous avez vu ça les gars ? Il m'a gelé la main ce cinglé...

- N'importe quoi ! s'exclama l'un des autres, c'est pas possible ça ! T'as trop bu...

- Il a raison... renchérit Milo, c'est impossible de faire une chose comme ça !

- Vous devriez ramener votre ami... suggéra Camus. Il a trop bu effectivement et il serait mieux au lit !

Le quatuor capitula et partit, non sans que le plus énervé continua à maugréer des menaces indistinctes. Les deux chevaliers poussèrent un ouf de soulagement. Camus alla récupérer son porte-documents et son livre.

- Nikos, ça t'embêterait beaucoup de faire la fermeture pour que je puisse emmener Milo maintenant ?

- Oh non ! Il ne reste même plus une heure... répondit celui-ci, conquis par le charmant sourire qui accompagnait cette demande.

- Merci, c'est très gentil... dit le Français.

- A lundi alors ! conclut Milo en lui faisant un petit clin d'oeil.

Les deux amis sortirent et se dirigèrent vers la voiture de Milo garée non loin de là.

- Tu es venu à pieds ? interrogea celui-ci.

- Oui...

Ils montèrent dans le véhicule et le Grec démarra. Le trajet d'un petit quart d'heure se déroula dans le silence, Milo jetant de temps en temps un coup d'oeil inquiet vers le visage fermé de son ami. Enfin ils se retrouvèrent chez eux, il était un peu plus de cinq heures du matin.

- Tu es fâché ? demanda le Scorpion en se laissant tomber sur le canapé.

Camus soupira et s'assit dans le fauteuil juste en face.

- Je crois que c'est plutôt après moi qu'après toi que je suis fâché... expliqua t-il.

- Pourquoi ? Tu regrettes d'être venu à mon aide ?

- Non ! Bien sûr que non... mais un bon coup de poing aurait fait aussi bien l'affaire... Qu'est-ce qui m'a pris de lui geler la main ?

- Je suis désolé, c'est de ma faute... Mais j'ai pas osé refuser ce verre car j'avais peur qu'ils fassent un esclandre... Remarque, il a eu lieu quand même cet esclandre ! Mais tu sais, il était tellement bourré ce mec que les autres ne l'ont même pas cru...

- Oh c'est même pas tant le fait d'avoir un peu utiliser mon cosmos qui me chagrine... dit le Verseau. Mais j'ai complètement perdu mon sang froid !

Milo se leva et vint s'agenouiller devant son ami. Il s'accouda sur ses cuisses pour le regarder dans les yeux.

- Et pourquoi l'as-tu perdu à ce point là ?

Camus regarda les jolis yeux améthyste, les longs cheveux cascadant en boucles souples, les jolies lèvres pulpeuses...

- J'ai cru devenir fou quand ce mec a posé ses mains sur toi... Je savais que tu pouvais te défendre, mais j'ai même pas réfléchi ! La seule chose qui comptait à cet instant c'est que je voyais ses doigts sur toi... sur ces endroits très... intimes... et je ne voulais absolument pas qu'il te touche...

- Je suis très touché par ce que tu dis là... murmura Milo. Serais-tu un petit peu jaloux ?

- Jaloux ? Non... Enfin je ne sais pas... Toujours est-il que je ne voulais pas qu'il te fasse de mal...

- Je m'aperçois que je ne t'ai pas remercié... Il se pencha vers le Français et déposa un doux baiser sur ses lèvres : merci...

Camus resta un instant surpris, appréciant la douceur des lèvres de son ami... Puis il le repoussa doucement et se leva.

- On devrait aller dormir un peu quand même...

- Tu as raison, allons dormir... approuva le Grec en se relevant aussi et en lui souriant. A tout à l'heure alors ?

- Oui... à tout à l'heure...

Et chacun se retira dans sa chambre afin de prendre un peu de repos ou au moins essayer...

Milo referma la porte de sa chambre en s'empêchant de crier de joie. Il se déshabilla rapidement et, d'une cabriole, sauta sur son lit où il s'allongea les bras en croix et le sourire aux lèvres.

Camus... son beau Français avait volé à son secours sans réfléchir aux conséquences ! Il lui avait avoué ne pas avoir supporté que l'autre le touche... Bien sûr il avait nié être jaloux, mais ce regard qu'ils avaient échangé et ce baiser... Camus ne s'était pas dérobé... Ses lèvres étaient douces et fraîches et il rêvait de les goûter depuis si longtemps ! Le Verseau avait paru un peu étonné, mais pas effrayé ni rebuté... Son petit coeur de Scorpion battait la chamade dans sa poitrine rien qu'en y repensant ! Il se glissa sous les draps et s'endormit le sourire aux lèvres.

Camus lui, après avoir refermé la porte de sa chambre, s'assit sur son lit l'air pensif et un peu perdu. Il toucha ses lèvres d'un doigt... il y sentit encore la douceur de celles de Milo. Il avait perdu son légendaire self-contrôle lorsque ce garçon avait touché les fesses et l'entrejambe de son ami au club et ensuite il avait apprécié le léger baiser que ce dernier lui avait donné tout à l'heure... Bien sûr il arrivait au séducteur qu'était le Scorpion de le draguer un peu de temps en temps et il le prenait en riant, mais aujourd'hui c'était différent... Et pourquoi ? Le Verseau se déshabilla et se coucha... Et soudain tout fut clair dans son esprit ! Il éprouvait autre chose que de l'amitié pour son bouillant ami ! Un sentiment plus tendre, plus troublant... Il rabattit les draps sur sa tête et soupira... Pas un soupir de tristesse ou de lassitude, non ! Du bonheur ? De l'espoir ? Il s'endormit l'esprit beaucoup plus léger d'avoir admit ce qu'il ressentait pour son meilleur ami.

Ce n'est que vers onze heures que Camus rouvrit les yeux. Il se retourna et découvrit près de lui un corps nu... Milo... qui dormait paisiblement, recroquevillé en chien de fusil... il ne devait pas avoir très chaud ! Le Français posa une main sur l'épaule de son voisin et le secoua légèrement tout en accompagnant son geste d'une caresse furtive. Le Grec ouvrit les yeux et découvrit le regard de nuit fixé sur lui.

- Qu'est-ce que tu fais là petit Scorpion ? demanda Camus tout bas et peut-être plus tendrement qu'il ne l'aurait voulu d'un premier abord.

- Je me suis réveillé et... j'ai pensé à toi... et j'ai eu envie de venir avec toi mais tu dormais si bien que je n'ai pas voulu risquer de te réveiller en allant sous la couverture alors je suis resté par dessus...

- Et tu as froid maintenant... compléta le Verseau, les nuits sont fraîches en cette saison... Allez viens dessous...

Milo le regarda d'un air à la fois émerveillé et surpris.

- C'est vrai ? Tu veux bien que je vienne dans ton lit ?

- Oui... Et je vais même te réchauffer si tu veux...

Le Grec s'empressa de se faufiler sous les draps et fut accueilli par les bras réconfortants de son compagnon qui entourèrent ses épaules.

- Mmmm... tu es tout chaud et moi je suis frigorifié ! C'est le monde à l'envers... plaisanta t-il en se blottissant contre le corps nu de Camus avec un plaisir évident qu'il n'essayait même pas de dissimuler.

- Voilà qui nous rajeunit d'une douzaine d'années ! Tu te souviens, pendant le temps qu'on a passé tous ensemble au Sanctuaire avant de partir pour nos camps d'entraînement ? demanda Camus.

- Et comment que je m'en souviens ! J'étais tellement heureux de t'avoir comme ami que je ne voulais plus te quitter, même la nuit ! Alors souvent je te rejoignais dans ta chambre quand tout le monde dormait... Tu n'as jamais trouvé que j'étais un peu collant ?

- Non... Je n'avais jamais eu d'ami avant... Et tu étais si chaleureux, enthousiaste, amusant, attachant... tout le contraire de moi ! J'adorais t'avoir près de moi la nuit... tu faisais reculer tous mes fantômes...

- Oui, tu me l'avais dit à l'époque, je me rappelle !

Milo rapprocha son visage de celui de son ami jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient plus qu'à quelques millimètres.

- Gabriel... embrasse moi...

- Je t'avais révélé mon prénom aussi c'est vrai... et je ne l'ai plus jamais entendu depuis... Pourquoi maintenant ? murmura Camus.

D'agréables petits frissons les parcouraient tous les deux et Milo caressa les cheveux bleu indigo.

- Parce qu'aujourd'hui est un jour spécial... Je sens qu'il va se passer des choses merveilleuses... Gabriel...

- J'adore ta façon de prononcer ce prénom...

Leurs lèvres se joignirent et leurs yeux se fermèrent pour mieux apprécier ce doux contact. Lorsque leurs langues se rencontrèrent, un long frémissement les parcourut tandis qu'un petit gémissement leur échappait. Ce doux bouche à bouche dura un long moment... Bien sûr leurs corps nus étaient étroitement serrés l'un contre l'autre, bien sûr leurs mains caressaient les épaules, le dos et les reins de l'autre... mais ils appréciaient tellement ce moment de découverte qu'ils en savouraient chaque seconde et essayaient de prendre leur temps avant d'aller plus loin même si leurs corps étaient de plus en plus impatients et leurs gestes de plus en plus fébriles... Ce fut Camus qui attira le corps de son ami sur le sien... leurs sexes gonflés se frottèrent l'un contre l'autre avec délice... Plus besoin de mots car ils voulaient la même chose : se donner du plaisir et avoir leur premier orgasme au même moment... Les mains du Français se posèrent sur les fesses fermes du Grec pour l'inciter à continuer ses mouvements.

- Oh que c'est bon... gémit Milo. On va jouir ensemble mon amour... on va se mélanger...

Lorsqu'il sentit les doigts de Camus se crisper sur ses fesses et le premier jet de liquide chaud couler entre leurs ventres serrés il se libéra lui aussi et un même cri de plaisir les unit...

- Je n'en reviens pas de ce qu'on vient de faire... commenta ensuite le Verseau en contemplant avec émotion le joli visage au dessus de lui.

- Tu ne regrettes pas au moins ? s'inquiéta tout de suite le Scorpion.

Camus ramena vers l'arrière les boucles bleu violet qui formaient un rideau autour d'eux et sourit

- Pourquoi as-tu toujours peur que je regrette ce que je fais avec toi ou pour toi ?

- Parce que je tiens à toi plus qu'à ma vie ! Et que notre relation est en train d'évoluer de l'amitié...

- Vers l'amour... l'interrompit Camus. D'ailleurs j'aime beaucoup cette évolution ! Et quand je dis que je n'en reviens pas de ce qui vient de se passer c'est parce que c'est arrivé vite finalement et qu'hier nous n'étions encore que des amis...

- C'est vrai... reconnut Milo, mais notre amitié a toujours été... spéciale... Je suis à la fois étonné de ce qui nous arrive et convaincu que ça devait nous arriver ! Je t'aime depuis longtemps mon prince des neiges... (o_- Kats)

- Tu sais que parfois je me suis posé la question ? Surtout depuis que les guerres sont terminées... Il y avait parfois une lueur si... brûlante dans tes yeux quand tu me regardais... Mais je me disais que ça ne pouvait pas être ça...

- Et depuis deux mois qu'on habite ensemble, j'avais encore plus de mal à le cacher... avoua le Scorpion avec un petit rire.

- Et moi de plus en plus de mal à ne pas être troublé par tes petites avances, tes petits compliments... reconnut le Français. J'ai lutté contre ce sentiment, mais aujourd'hui je me rends... Je t'aime Milo... je t'aime...

Comme d'habitude lorsqu'ils étaient seuls, les deux amis parlaient français. Cela datait du temps où le Grec voulait se perfectionner dans cette langue, et maintenant c'était devenu automatique entre eux. Milo sentit son coeur s'embraser à cette déclaration de son ami. Ils échangèrent un long baiser passionné, puis le Scorpion rejeta drap et couverture avec un sourire coquin.

- Non seulement je veux te toucher mais je veux aussi te regarder... assura t-il.

Une légère rougeur envahit la peau pâle du Verseau mais il ne bougea pas et laissa le regard de son amant glisser sur son corps.

- Tu es si beau... murmura ce dernier. Il caressa les cuisses fuselées et les écarta doucement : montre moi tes jolis trésors ma beauté des glaces...

Camus releva les jambes, dévoilant ainsi son intimité aux yeux d'améthyste qui avaient un peu tendance à virer au rubis sous l'effet de la passion... mais il n'y avait que de la douceur lorsque les lèvres gourmandes du Scorpion se posèrent près de la délicate petite entrée.

- Ooooh... gémit le Français pour qui c'était le premier attouchement de cette sorte.

La langue douce et chaude lécha son orifice intime et il eut l'impression de s'ouvrir comme une fleur sous la pression ferme et humide afin de la laisser entrer en lui... Puis il sentit quelque chose de plus dur le pénétrer... un doigt qui le caressa délicatement à l'intérieur... puis un second se faufila lui arrachant un petit gémissement.

- Je te fais mal ? s'inquiéta Milo aussitôt.

- Ca tire un peu mais ça va... continue Mimi...

Le Grec fit entrer et sortir ses doigts pendant un petit moment afin que son ami s'habitue à cette intrusion... puis il les retira et c'est avec le bout de son sexe qu'il vint caresser la petite entrée fragile. Il écarta encore un peu plus les genoux de Camus et s'enfonça lentement dans l'étroit passage lubrifié de salive. Un petit cri échappa au Français et Milo arrêta sa progression lui caressant les cuisses et le ventre.

- Détend-toi agapi mou... concentre-toi sur le plaisir... Je vais t'y aider...

Ses doigts se refermèrent sur le membre dur et tendu de Camus, tandis que son sexe à lui s'enfonçait encore un peu dans l'intimité distendue.

- Va jusqu'au bout mon coeur... haleta le Verseau.

Milo s'enfonça d'un coup de rein, arrachant un cri à la fois de douleur et de surprise à son compagnon. Au bout de quelques instants il commença à bouger doucement à l'intérieur du doux fourreau et à caresser au même rythme le sexe gonflé. Il réussit à retenir sa jouissance au prix d'un gros effort car il voulait que Camus profite pleinement de cet instant... Il voyait le plaisir monter dans les beaux yeux saphir et son coeur s'emplissait d'amour à ce spectacle. Puis enfin il n'y tint plus et laissa exploser sa semence au plus profond de l'intimité de son ami... celui-ci le sentant couler en lui se libéra à son tour dans la main experte qui le caressait si bien. Enfin ils s'effondrèrent comblés dans les bras l'un de l'autre.

Ils restèrent au lit toute la journée du samedi, n'en finissant pas de se découvrir intimement, de se caresser. Comme ils n'avaient pas mangé le midi, ils se levèrent tout de même le soir pour prendre un petit dîner histoire de reprendre des forces. Puis ils retournèrent au lit pour passer la soirée comme ils avaient passé l'après-midi et ne se laissèrent prendre par le sommeil qu'aux alentours de trois heures du matin. Enfin vint le dimanche matin.

Camus se réveilla le premier et passa une main caressante sur le reins et les fesses de Milo qui dormait encore. Il se pencha sur son oreille.

- On se réveille petite marmotte... Il est dix heures et le soleil brille ! On pourrait peut-être aller déjeuner à la plage ?

- Mmmm... on n'est pas bien là, tous les deux dans ce lit ? ronronna le Grec en soupirant de plaisir sous la douce caresse.

- Si... je reconnais qu'on est très bien, mais sur la plage on serait bien aussi... et ce ne serait pas mal de prendre un peu l'air...

- Oh oui, faire l'amour sur la plage ou même dans les vagues ! s'exclama Milo en se redressant et en nouant ses bras autour du cou du Verseau.

- Obsédé ! répliqua celui-ci en riant et en le serrant dans ses bras.

Ils arrivèrent difficilement à sortir du lit, à se doucher sans trop déraper, et s'habiller sans se redéshabiller... Puis ils préparèrent un pique-nique et embarquèrent dans l'Alpha Roméo noire, direction une plage si possible pas trop fréquentée...

Ils roulèrent une petite demi-heure, mais comme il faisait beau, il y avait du monde sur toutes les plages environnantes.

- C'est pas vrai ! grommela Milo, les gens ne peuvent pas rester dans leur jardin ou autour de leur piscine au lieu d'envahir les plages !

- C'est une plage privée qu'il te faudrait mon chou ! s'amusa Camus.

- Oui, une plage où je pourrais faire tout ce que je veux ! confirma le Grec coquin. Puis soudain il freina alors qu'ils étaient en pleine campagne: tiens regarde ce petit chemin sous les arbres... c'est joli non ?

Il engagea la voiture dans ledit chemin et s'avança jusqu'à un joli petit coin d'herbe ombragé.

- Superbe, on va être bien là ! confirma le Verseau.

Ils descendirent donc, étalèrent une couverture et s'installèrent pour déguster leur pique-nique. Puis à la fin du repas, Milo ouvrit la glacière et en sortit une bouteille de Champagne qu'il ouvrit.

- Tiens ma beauté, buvons à nos amours !

- Tu as pensé à tout je vois ! A nos amours... dit Camus en cognant légèrement son verre contre celui de son amant.

Ils burent en se regardant dans les yeux puis se penchèrent afin d'échanger un tendre baiser. Enfin, sans se concerter ils reposèrent leur verre et s'allongèrent sur la couverture après avoir repoussé ce qui les gênait... ils s'embrassèrent passionnément, leurs mains se faufilèrent sous les vêtement pour toucher leur peau nue... Ils firent l'amour un long moment sous l'ombre protectrice des arbres qui furent les seuls témoins de leurs soupirs et de leurs mots d'amour.

- Je t'aime si fort, Gabriel, mon amour... murmura le Scorpion.

- Je t'aime tout aussi fort mon ange... répondit le Français.

- Tu sais chéri, j'ai réfléchi et je vais laisser tomber ce boulot au club... déclara Milo en rajustant ses vêtements.

- Tu en es sûr ? Ne le fais pas parce que je te l'ai demandé... après tout tu es libre de faire ce que tu veux... et le principal pour moi c'est que tu sois heureux ! assura Camus en l'entourant de ses bras.

- Si tu savais comme je suis heureux justement ! Je ne sais pas si je pourrais l'être plus ! Et puis de toute façon j'en ai marre de ces horaires de dingue... Je chercherai quelque chose de plus calme, et si je ne trouve pas tout de suite et bien... peut-être que tu accepteras de m'entretenir ? suggéra le Grec câlin en caressant les soyeux cheveux bleu indigo de son compagnon.

- Je m'en ferai une joie mon coeur... Ce sera comme tu voudras !

- Mmmm je vais adorer ça... tu me feras des cadeaux, tu m'offriras des fleurs et des sous-vêtements coquins ? plaisanta Milo.

- Aaaah... les sous-vêtements coquins, ça me plait beaucoup...

Ils se décidèrent à remonter en voiture et décidèrent d'aller boire un verre au Pirée avant de rentrer chez eux. Alors qu'ils se promenaient main dans la main sur les quais à la recherche d'une terrasse où il y aurait de la place, ils entendirent des voix les appeler, ou plutôt appeler Camus... Ils se retournèrent et découvrirent à une terrasse de café le petit groupe d'élèves fans de leur séduisant professeur. Ceux-ci leur firent de grands gestes auxquels répondirent les deux chevaliers d'or.

- Et bien je n'ai pas fini de me faire charrier lundi ! commenta le Français amusé. Moi qui leur avais assuré que tu n'étais pas mon petit ami...

- C'est que vendredi je ne l'étais pas encore... répondit le Scorpion sur le même ton. Il entoura d'un bras la taille de son ami et déposa un baiser au coin de ses lèvres : voilà, comme ça il sont complètement fixés !

Camus l'entoura d'un bras également et lui rendit son baiser.

- Je t'aime mon petit Scorpion à moi et je suis très fier d'être ton petit ami !

Ils se sourirent et continuèrent leur promenade, heureux de cette complicité amoureuse qui les liait désormais.

F I N

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