Chapitre 2: Approches |
Ils montèrent se coucher assez tard. - Dormez bien ! dit Camus, moi je vais d’abord aller faire une petite ronde… - Déformation professionnelle ? se moqua Angelo. - Oui sans doute… - Je vais t’accompagner ! décida Milo. Les rondes se font toujours à deux. - Ici ce n’est pas indispensable… affirma le Verseau, mais je serais heureux d’avoir de la compagnie… Ils sortirent donc dans la nuit fraîche de ce mois de novembre, tandis qu’Angelo, Mu, Shaka et Aphrodite regagnaient leurs chambres. - Quelle belle nuit, regarde toutes ces étoiles ! admira Camus. J'aime quand les nuits sont froides comme ça, le ciel est tout brillant ! - Oui c'est très beau, mais on se gèle ! maugréa Milo en remontant le col de sa veste de cuir noir. - Tu as voulu faire du style, voilà ce que c'est ! se moqua gentiment le Français. Elle est très belle ta veste mais elle n'est pas très chaude, je te rappelle que nous sommes fin novembre... - Je voulais t'impressionner, toi qui es toujours élégant quoique tu portes... Et puis... je me disais que peut-être, tu accepterais de me réchauffer... répondit le Grec d'un petit air câlin. Camus le regarda et un petit sourire étira ses lèvres. Son col relevé jusqu'aux oreilles, les mains enfoncées dans ses poches, ses longues boucles bleu violet volant au vent frisquet de la nuit et ses yeux d'améthyste aussi brillants que les étoiles, le Scorpion offrait un tableau très agréable à regarder... Cela faisait des années que ce petit jeu de séduction existait entre les deux garçons. L'amitié qu'ils ressentaient l'un pour l'autre depuis qu'ils se connaissaient avait toujours était teintée d'un soupçon de tendresse... Milo, de nature plus expansive le montrait beaucoup plus, tandis que Camus gardait comme toujours bien caché ce qu'il ressentait. Mais ils le savaient tous les deux, ils auraient donné leur vie l'un pour l'autre. Au fil des années, le Scorpion s'était avoué qu'il était carrément amoureux du fier prince des glaces mais il n'avait pas encore osé le lui dire franchement, se contentant de petites allusions, de petites propositions apparemment innocentes, comme en ce moment, de le réchauffer. Les sentiments du Verseau avaient évolué dans le même sens, mais il avait cette appréhension que ça ne dure pas entre eux et il préférait en rester à cette tendre amitié. Cette relation amusait d'ailleurs beaucoup leurs amis qui ne manquaient jamais une occasion de les charrier à ce sujet. - J'ai demandé qu'on fasse du feu dans les chambres, tu verras tu n'auras pas froid cette nuit... assura le Français, qui lui se promenait en t-shirt selon son habitude. - Mmmmfffff... fit Milo pas convaincu. J'aurais préféré une bouillotte... - Je suis sûr que Yann t'en fera une si tu lui demandes ! - Je pensais à un autre genre de bouillotte... murmura le Grec. Camus secoua ses longs cheveux bleu indigo. - Ah la la, tu m'as manqué mon petit Milo tu sais ! - J'espère bien que je t'ai manqué ! Et moi depuis trois mois, je suis comme une âme en peine au Sanctuaire ! Et en plus, ce n'est pas les nouvelles que tu donnais hein ! - Je sais, excuse moi, je suis désolé... Je me suis laissé déborder par le travail qu'il y a à faire pour faire marcher et entretenir le manoir... Et quand j'ai vu que je n'y arrivais pas, j'ai pensé à t'appeler mais... - Ton petit orgueil t'en a empêché ! termina Milo à sa place. Bah je ne t'en veux pas... Je n'arrive jamais à me fâcher contre toi d'ailleurs, tu le sais... Tu es ma grande faiblesse mon beau Gabriel... - Et tu es la mienne... murmura tendrement le Français en le regardant. Je suis heureux que tu sois venu... Milo s'inclina légèrement. - Tout le plaisir est pour moi et je suis entièrement à ta disposition... à tous les points de vue... rajouta t-il coquin. - Je m'en souviendrai... Tout en parlant ils avaient fait le tour du jardin et de la demeure que Milo en profita pour visiter dans tous les recoins. Puis ils montèrent vers les chambres. - Tu ne me fais pas visiter l'appartement du maître des lieux ? demanda le Grec. - Il est très tard et il vaudrait mieux aller dormir... répondit le Verseau qui se méfiait tout de même de ses réactions s'il se retrouvait seul dans sa chambre avec son ami. Il n'était pas sûr de le repousser si celui-ci décidait de tenter sa chance... - Tant pis... soupira exagérément Milo, ce sera pour une autre fois... Bonne nuit alors, et si tu ne me vois pas demain matin c'est que je serai gelé dans mon lit... tu viendras me dégeler ? - Tu as survécu à quelques séjours en Sibérie où il fait autrement plus froid qu'ici ! remarqua le chevalier du froid amusé. A demain... Et ils rentrèrent chacun chez eux (nda : si si, je vous assure, mais j'ai eu du mal à ne pas craquer !) Un autre couple qui se cherchait : Shaka et Aphrodite... Mais là cela faisait beaucoup moins longtemps. Le chevalier extraverti et complètement libéré qu'était le Poisson était tombé sous le charme discret mais indéniable du sage et sérieux chevalier de la Vierge et il avait décidé que ce voyage loin du Sanctuaire et de leurs charges respectives serait une excellente occasion pour essayer de séduire son blond compagnon. Et, comme la patience n'était pas une de ses qualités principales il avait aussi décidé de le draguer ouvertement ! Pas sauvagement comme l'avait dit Angelo mais au contraire, tout en délicatesse et en douceur pour ne pas effaroucher l'Indien qui s’était tenu longtemps très éloigné des choses de l'amour. Shaka avait d'abord était très surpris par cet intérêt que lui portait le si séduisant Suédois, mais finalement il devait reconnaître que ça ne lui déplaisait pas... Pendant le voyage, Aphrodite s'était installé d'office près de lui, allant lui chercher à boire, à manger, le distrayant par ses bavardages amusants et légers et l'étonnant aussi par ses connaissances plus sérieuses sur divers sujets que lui Shaka, appréciaient aussi. La Vierge avait toujours admiré, malgré lui et sans jamais le reconnaître bien sûr, l'aisance et la beauté de son compagnon et toutes les petites attentions dont il était l'objet ainsi que la lueur qu'il voyait dans les jolis yeux turquoise lorsque ceux-ci étaient fixés sur lui, ne le laissaient pas indifférent. Enfin le dernier couple, tout aussi improbable que le second : Angelo et Mu... Comme l'avait annoncé le Cancer à Camus, ils étaient ensemble depuis un mois, pour leur plus grand bonheur à tous les deux. Et pourtant ces deux là ne s'appréciaient pas vraiment depuis qu'ils étaient chevaliers d'or ! Mais l'amour aime jouer des tours parfois et les deux opposés étaient devenus amants au grand étonnement des autres chevaliers. Retrouvons les d'ailleurs dans leur chambre... - Tu n'as pas froid amore ? demanda Angelo en serrant contre lui le corps nu et doux de son bel Atlante. - Non mon bouillant petit crabe, je suis parfaitement bien dans tes bras ! Et puis... le petit exercice que nous venons de faire m'a réchauffé... murmura amoureusement Mu en enfouissant son visage dans le cou de son ami. Ils restèrent silencieux, savourant ce moment de tendresse après l'amour. A un moment donné ils entendirent Camus et Milo sur le palier et... deux portes différentes se refermer... - Milo ne s'est pas encore lancé ! commenta l'Italien. - Oui, Camus est vraiment le seul à l'intimider un tant soit peu... renchérit le Bélier. Ils ont tellement peur que leur amitié en pâtisse si cela ne marchait pas entre eux ! - Au moins nous, on n'a pas eu ce problème ! railla le Cancer. On est passé d'un extrême à l'autre directement ! - C'est vrai... et je suis heureux qu'on l'ait fait ! Je t'aime mon ange... - Ca me fait drôle que tu m'appelles ton ange... - C'est ton nom et il te va très bien, quoique tu en dises ! assura l'Atlante en caressant le visage de son voisin. - Il ne me plait que dans ta bouche... Ti amo, caro mio... Le lendemain matin, Aphrodite fut le premier à se lever car, dans son plan pour séduire Shaka, il avait décidé de lui amener le petit déjeuner au lit. Non seulement c'était une délicate attention, mais encore cela allait lui permettre de voir l'objet de son désir en tenue, peut être un peu légère... Il descendit donc les escaliers d'un pas décidé et retrouva sans peine la cuisine. Au lieu de Yann qu'il pensait y trouver, c'est Camus qu'il découvrit en train de préparer un plateau... - Bonjour ! dit le Poisson. C'est amusant je venais faire la même chose ! - Tu vas passer à une vitesse supérieure dans ta conquête de Shaka ? demanda le Français. - Je vais essayer en tout cas... Et toi, c'est pour Milo ce petit déjeuner "à la française" comme il les adore ? - Et bien... oui... reconnut Camus un peu embarrassé. - Un petit pas pour Camus, un grand pas vers l'amour ? le taquina le Suédois. - On verra... Bon, tu fais comme chez toi, le café est fait, là il y a du thé et sur la table diverses choses à manger... S'il te manque quelque chose, appelle Yann il n'est jamais très loin. Sur ce, il sortit avec son plateau. Aphrodite sourit en le regardant partir. -"Ah la la, réussiront-ils à se dire ce qu'ils ressentent vraiment l'un pour l'autre un jour ces deux là !" pensa t-il pour lui-même. Puis il se dépêcha de préparer le petit déjeuner pour Shaka sans oublier de mettre une tasse pour lui-même... Il remonta en vitesse et frappa doucement à la porte de la chambre... sans attendre de réponse il entra en espérant que l'Indien n'allait pas l'éjecter ou juger cette façon de faire un peu... cavalière... Mais le joli tableau qu'il vit, fit qu'il se dit que de toute façon ça valait la peine d'essayer. La Vierge venait visiblement de se réveiller... Il était assis dans son lit, simplement vêtu d'une tunique de fin tissu blanc, qui avait dû glisser pendant son sommeil et qui dénudait joliment une de ses épaules. Ses longs cheveux blonds étaient un peu en désordre, ce que le Poisson trouva charmant, et ses grands yeux bleus le fixaient d'un air interrogatif. Aphrodite décida de se lancer et vint poser le plateau sur les jambes de son compagnon. - Bonjour beauté blonde ! J'espère que je ne me suis pas trompé et que tu aimeras tout ce que j'ai amené... Shaka remonta la manche de son vêtement et lissa d'une main ses cheveux, puis il regarda le plateau et releva les yeux vers le beau Suédois debout près de son lit. Comme à son habitude, celui-ci semblait tout droit sorti d'un magazine de mode. Il portait un pantalon en souple tissu beige et un t-shirt à manches longues, noir et moulant avec une inscription sur le devant qui devait être en suédois... Ses longues boucles bleu ciel cascadaient sur ses épaules et l'Indien se sentit troublé par cette beauté délicate sous laquelle se cachait, il le savait, une force indéniable. - J'aime tout ce que tu as amené... dit-il, s'étonnant lui-même d'avoir prononcé cette phrase qui pouvait être à double sens, et cela sans quitter des yeux l'élégante et fine silhouette. Je te remercie, assied-toi... Aphrodite s'assit en tailleur près de son ami et entreprit de servir le thé qu'ils aimaient tous les deux. - Sais-tu que tu es particulièrement charmant le matin, un peu décoiffé et avec cette jolie tenue qui, je le parie, vient des Indes... murmura t-il en reposant la théière. - Tu sais que les compliments me mettent mal à l'aise... dit Shaka en se sentant bêtement rougir. - Et j'adore te faire rougir ! Tu es encore plus charmant et c'est signe que ce que je te dis ne te laisse pas indifférent... Il saisit une mèche blonde entre ses doigts. Dis-moi si c'est vrai Shaka... Celui-ci plongea son regard pur et limpide dans les yeux turquoise qui le regardaient avec douceur. - Oui c'est vrai... Je n'ai jamais connu ce genre de... relation et c'est pour ça que ça me gêne un peu... Tu trouves ça idiot ? - Non pas du tout ! Au contraire, je trouve ça très touchant... J'en serais navré, mais si tu préfères que je te laisse tranquille, je le ferais... dit le Suédois. Shaka resta silencieux quelques secondes, puis un léger sourire apparut sur ses lèvres. - Non, je... enfin... si tu me donnes un peu de temps et que je ne t'exaspère pas trop avec mes réticences... je trouve ça très agréable... - Pour tout te dire, je ne suis pas très patient généralement dans ce domaine, mais c'est drôle avec toi ce n'est pas pareil et... je me damnerais pour un baiser... J'attendrai que tu sois prêt... murmura le Poisson en frôlant de ses lèvres la joue de son ami qui frissonna à ce doux contact mais ne se recula pas. Ils déjeunèrent tranquillement puis, lorsqu’ils eurent terminé, Aphrodite se releva, reprit le plateau et sortit de la chambre, laissant là un Shaka troublé et déjà presque séduit. De son côté, Camus apporta donc lui aussi un plateau à Milo. Il frappa à sa porte et, n'obtenant pas de réponse entra dans la chambre. Le Grec dormait sur le ventre et la couverture qui avait glissé, le recouvrait jusqu'à la taille. Le Verseau posa le plateau sur la table de chevet et releva le drap pour recouvrir le dos bronzé en se disant que, peut-être, il n'allait pas le réveiller. - Tu es venu me réchauffer finalement ? dit tout bas la voix encore ensommeillée du Scorpion. Il se retourna sur le dos. - Je remontais juste la couverture... répondit Camus en considérant de son regard bleu sombre le visage encadré de boucles en bataille de son ami. Il en repoussa quelques-unes en arrière. Et je t'ai amené le petit déjeuner... rajouta t-il. - Et que me vaut cette délicate attention ? - Je me suis dit que ça te ferait plaisir... Leurs yeux ne se quittaient pas pendant ce petit dialogue, comme si chacun attendait que l'autre fasse le premier pas. Milo tendit une main et Camus la prit sans réfléchir... il se retrouva assis sur le bord du lit. Puis le Scorpion repoussa d'un coup drap et couverture, offrant son corps nu au regard de son ami. - Que... pourquoi fais-tu ça ? balbutia le Français, en perdant pour une fois un peu de son sang froid. - Parce que je n'en peux plus de ce petit jeu entre nous... Je te désire Camus et... pire que ça, je t'aime ! Camus serra les doigts qu'il tenait toujours dans les siens. - Moi aussi je t'aime... mais je... j'ai peur de te perdre si ça ne marchait pas entre nous... avoua-t-il enfin. Je ne le supporterais pas... - Moi non plus je ne supporterais pas de te perdre, mais ça n'arrivera pas je te le promet ! Si tu m'aimes autant que je t'aime ça n'arrivera pas... Le Verseau se pencha sur lui. - Tu crois que nous devrions franchir ce pas auquel nous pensons tous les deux depuis très longtemps ? - Oh oui, je le crois de tout mon coeur et je le souhaite de tout mon corps ! murmura le Grec en nouant ses bras autour du cou de son compagnon pour rapprocher son visage du sien. - Je ne sais pas si c'est raisonnable... hésita encore Camus. Puis sa volonté céda devant l'appel muet des lèvres entrouvertes qu'il captura avec les siennes pour un premier baiser d'amour tant attendu. D'une main il caressa les boucles bleu violet tandis que l'autre glissait sur la cuisse de Milo qui laissa échapper un petit gémissement de plaisir. Lorsqu'ils se séparèrent la même flamme brillait dans leurs yeux. - C'est encore meilleur que tout ce que j'ai pu imaginer ! assura le Scorpion. Et Dieu sait que j'ai souvent imaginé ce moment ! - Moi aussi j'ai souvent pensé à ce premier baiser... et... ça me mettait dans tous mes états malgré mon self contrôle... dit doucement Camus avec un petit sourire. - Tu t'es caressé en pensant à moi ? demanda Milo coquin. - Tu as de ces questions ! - Je veux savoir... Moi cela m'est arrivé tu sais ! Et puis je veux voir aussi dans quel état notre baiser t'a mis... Sa main caressa l'entrejambe de son ami qui frissonna. - Mais les autres vont nous attendre... - Ils trouveront de quoi s'occuper... Camus capitula sous les mains baladeuses qui se faufilaient dans ses vêtements pour les retirer et quelques instants plus tard ils étaient enfin peau contre peau pour une étreinte qui devint vite brûlante car longtemps retenue. Lorsque Angelo et Mu descendirent, ils ne trouvèrent personne bien sûr, dans la salle à manger. Ils allèrent alors à la cuisine où ils trouvèrent le majordome qui les salua. - Bonjour Yann, dit Mu. Camus n'est pas encore levé ? - Monsieur le Baron est venu préparer un plateau et il est remonté dans la chambre de monsieur Salakis... répondit Yann. - Oh la, ça devient sérieux ! railla le Cancer. Et Aphrodite et Shaka, vous ne les avez pas vu ? - Monsieur de Fersen a aussi préparé un plateau de petit déjeuner pour le porter à monsieur Razbotra... - Pffffffff quelle équipe je vous jure ! s'exclama Angelo. Et bien on va déjeuner tous les deux trésor ! conclut il en se tournant vers Mu. - Je vais vous préparer ce qu'il faut... déclara Yann. - Ne vous en faites pas, on va se débrouiller ! répliqua l'Italien, vous avez suffisamment de travail comme ça ! Le majordome sourit aux deux garçons et partit vaquer à ses occupations. Ils terminaient leur petit déjeuner lorsque Aphrodite entra dans la cuisine pour déposer son plateau vide. - Aaah, salut toi ! lança Angelo moqueur. Alors tu as progressé avec ton Bouddha préféré ? - Oui, j'avance tout doucement... répondit le Suédois avec un petit sourire. - C'est bien la première fois que je te vois si patient et si attentionné en amour ! s'amusa encore le Cancer. - C'est que je suis amoureux et je ne veux rien gâcher... Mu regarda le beau garçon, d'habitude si sûr de lui et de son charme, qui aimait conquérir, qui aimait l'amour et qui là, se faisait tout patient pour gagner le coeur du chevalier le plus vertueux du Sanctuaire. - Tu y arriveras ! dit le Tibétain, et tu ne regretteras pas de l'avoir attendu... - Ca j'en suis sûr ! assura le Poisson. Shaka les rejoignit un quart d'heure plus tard et les quatre chevaliers décidèrent d'aller visiter le parc qu'ils n'avaient fait qu'apercevoir la veille. |
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